Intervenir

Lorsque vous avez remarqué qu’un étudiant est en détresse, deux manières d’intervenir vous sont possibles :

Si vous avez une relation ou un rapport avec l’étudiant, lui parler directement peut être la meilleure chose à faire. Engagez la conversation en exprimant vos préoccupations concernant les comportements précis que vous avez observés.

Si vous ne connaissez pas vraiment l’étudiant, vous préférerez peut-être faire appel au bureau des services de consultation ou de santé de votre campus (ou une ressource d’un autre réseau, si l’incident se produit après les heures d’activités) et demandez-leur leur avis sur la manière de remédier à la situation.

Votre décision sur la démarche à adopter peut dépendre de:

  • votre niveau d’expérience,
  • la nature et la gravité du problème,
  • votre capacité à laisser le temps faire son œuvre dans cette situation,
  • divers facteurs personnels.

Parler directement

Si vous choisissez de parler à l’étudiant directement, vous n’avez qu’à écouter et soutenir l’étudiant et l’informer sur les ressources accessibles. On ne s’attend pas à ce que vous soyez un conseiller ou un expert. Voici quelques suggestions pour que vous puissiez aider efficacement l’étudiant dans le cadre de telles discussions :

  • Rencontrer l’étudiant en privé (choisissez un lieu et un moment appropriés).
  • Exprimer vos préoccupations et votre sollicitude.
  • Indiquer précisément les comportements que vous avez observés. (« J’ai remarqué dernièrement que vous…. »)
  • Demander si c’est un bon moment pour parler
  • Écouter attentivement ce que dit l’étudiant et l’encourager à parler. (« Pourriez-vous m’en dire davantage à ce sujet. »
  • Laisser à l’étudiant le temps de raconter son histoire. Laisser des moments de silence durant la conversation. Ne pas abandonner si l’étudiant met du temps à parler.
  • Vous rappeler que le fait de s’ouvrir et de parler de sa détresse personnelle peut constituer un acte de courage et un défi; votre patience et votre sollicitude peuvent rendre ce processus d’ouverture un peu moins difficile pour l’étudiant.
  • Poser des questions ouvertes qui traitent directement des problèmes, sans jugement. (« Quel problème cette situation vous a-t-elle causé? »)
  • S’il y a des signes de risque pour la sécurité, demander à l’étudiant s’il envisage le suicide. Un étudiant qui pense au suicide sera probablement soulagé que vous ayez posé la question. Si l’étudiant n’y songe pas, le fait de la poser ne lui en donnera pas l’idée ni n’augmentera la probabilité qu’il fasse une tentative.
  • Reformuler ce que vous avez entendu et exprimer de nouveau vos préoccupations et votre sollicitude. (« Qu’est-ce que vous avez à faire pour retrouver le chemin de la santé? ») Demander à l’étudiant ce qui, à son avis, pourrait l’aider.
  • Suggérer des ressources et des aiguillages. Transmettre l’information que vous avez sur la ressource particulière que vous suggérez et sur ses bienfaits potentiels pour l’étudiant. (« Je connais les gens de ce bureau, et ils savent vraiment aider les étudiants à affronter ce genre de situations. »)
  • Éviter de faire des promesses abusives de confidentialité, particulièrement si l’étudiant présente un risque pour la sécurité. Cependant, ne rompre la confidentialité que si l’étudiant présente un risque imminent.

À moins qu’il soit suicidaire ou qu’il présente un danger pour autrui, la décision de faire appel aux ressources revient ultimement à l’étudiant. Si, lorsque vous offrez de l’information sur l’aiguillage, l’étudiant dit « Je vais y penser », n’insistez pas. Dites-lui que vous souhaitez avoir de ses nouvelles dans un jour ou deux. Parlez de cette conversation avec quelqu’un de votre campus — bureau des conseillers pédagogiques, doyen ou quelqu’un d’autre — puis, le lendemain ou le surlendemain, faites un suivi auprès de l’étudiant. Il est important pour votre propre bien-être mental de confier à quelqu’un vos préoccupations et sentiments éventuels concernant la situation. Rappelez-vous, l’autothérapie est cruciale.

Établir le cadre de la conversation

Avant d’engager la conversation, nous devons parfois aider l’étudiant à se sentir en confiance. Voici deux suggestions au cas où il serait incapable de participer à la conversation en raison d’une grande détresse :

  • Suggérez-lui de mettre les pieds par terre et de repousser le sol avec les talons pour se sentir enraciné.
  • Suggérez-lui de regarder quelque chose dans la pièce ou vous-même au lieu de regarder par terre, afin de l’aider à se sentir plus en contrôle sur lui-même.

Les étudiants ont parfois simplement besoin de pleurer un bon coup. Notre rôle est alors simplement de leur faire savoir qu’ils ne sont pas seuls pour affronter cette situation et qu’ils sont importants pour nous.

C’est d’ailleurs le bon moment pour examiner si vous prenez bien soin de vous-même, si vous vous sentez en confiance et prêt à engager la conversation. Soyez conscient de vos limites.

Engager la conversation

Une fois que vous avez remarqué qu’un étudiant est en détresse, vous pouvez lui parler de vos inquiétudes. La recherche sur les interventions brèves appuie quelques stratégies pour engager la conversation et pour qu’elle soit efficace, même lorsque la source du problème est inconnue.

Demander la permission de discuter du problème

Parlez de vos préoccupations et demandez la permission d’en parler davantage :

« Je m’inquiète de… je me demande s’il serait possible d’en parler… »

Mentionnez précisément les comportements ou les schémas comportementaux :

« J’ai remarqué que… »

Demandez la permission de parler du sujet et sondez les préoccupations de l’étudiant par des questions ouvertes :

« Seriez-vous à l’aise que nous parlions de… ? Qu’est-ce qui vous préoccupe à propos de… ? »

Laissez de la latitude pour l’expression de désaccords :

« Je me trompe peut-être, mais… » « Cette idée semble peut-être arriver comme un cheveu sur la soupe, mais… »

Pratiquez l’écoute active; laissez l’étudiant raconter son histoire :

« Je comprends très bien pourquoi cette situation est stressante. Que s’est-il passé? »

Reconnaissez et soutenez le courage de l’étudiant pour parler d’une difficulté personnelle :

« Je sais que c’était difficile de parler; mais vous avez réussi. »

Examiner les ressources et options

Faites remarquer à l’étudiant qu’il existe différentes options pour obtenir de l’aide. Évitez d’offrir des conseils non sollicités.

Lorsque vous parlez d’autres services, cherchez à fournir un éventail d’options, de sorte que l’étudiant ait le choix, y compris de discuter avec les fournisseurs ou les conseillers de soins de santé ou de s’efforcer de réaliser des changements par soi-même. Il peut être utile de noter les ressources afin que l’étudiant puisse emporter ces notes et repenser aux ressources par la suite. S’il est en détresse, il ne se souviendra peut-être pas de toute l’information transmise. Après avoir proposé quelques suggestions, demandez à l’étudiant son choix parmi ces options :

« Qu’en pensez-vous? Laquelle de ces options pourrait être la plus utile pour vous? »

Mettez l’accent sur le contrôle personnel :

« Quoi que vous décidiez, en fin de compte c’est votre affaire. »

Soulignez que l’étudiant n’a pas à se débrouiller seul avec ces problèmes :

« Il n’y a pas de honte à demander de l’aide ni à utiliser les ressources à votre disposition. C’est une bonne manière d’aborder le problème. »

Terminez la discussion sur une note positive et quittez la salle pour poursuivre la conversation. Remerciez l’étudiant de vous avoir parlé en toute honnêteté :

« J’apprécie vraiment que vous ayez accepté de me parler. »

Faites une synthèse du plan de changement :

« Il semble que vous reconnaissez que… »

« Plus précisément, vous projetez de… »

Gardez une ouverture :

« J’aimerais réellement avoir des nouvelles de vous. Vous sentiriez-vous à l’aise de revenir me dire comment ça se passe? »

Si vous êtes un éducateur, vous n’avez pas à renoncer à vos normes relativement au rendement et au comportement pour apporter du soutien aux étudiants qui vivent des difficultés ou qui sont en détresse, mais vous devez aborder ces étudiants avec une attitude prévenante et sans jugement.

Respecter les limites du cadre professionnel

Ces limites définissent et séparent les rôles professionnels des autres rôles. Toujours basées sur les besoins du client, elles sont les seuils permettant des rapports sûrs entre le professionnel et le client (Peterson, 1992). Lorsque les limites sont bien définies et respectées, elles passent généralement inaperçues. Dans une relation entre personnel professionnel et étudiant, le personnel maintient des limites cadrant avec l’obligation légale et éthique des employés du campus envers les étudiants, en matière de soins.

Les étudiants ne savent pas toujours quelle quantité d’information il serait souhaitable ou nécessaire de révéler; afin de maintenir des limites professionnelles convenables, vous ne devriez demander que l’information nécessaire.

Il ne faut leur demander que l’information requise pour les aiguiller vers les services appropriés. Ce processus sera plus facile si l’étudiant est inscrit aux services d’accessibilité. Par exemple, un étudiant atteint de dépression peut avoir besoin de plus de temps pour les devoirs et un étudiant atteint de troubles anxieux peut nécessiter une pièce exempte de distractions pour les examens. Les étudiants ne sont aucunement obligés de vous révéler leur diagnostic.

Parfois, les étudiants révèlent plus d’information que nécessaire. Ils peuvent, par exemple, donner des renseignements sur leur diagnostic ou leurs symptômes. N’ayant pas besoin de ces renseignements, les éducateurs ne doivent pas poser d’autres questions en ce sens. Si un étudiant en dit trop, informez-le gentiment que vous n’avez besoin que de l’information requise pour faciliter les mesures d’adaptation.

Plan d’action : reconnaître, intervenir et aiguiller