Reconnaître

Vous pouvez remarquer un ou plusieurs indicateurs pouvant suggérer qu’un étudiant éprouve des difficultés. Vous pouvez avoir l’impression qu’il y a quelque chose qui cloche. Une simple vérification avec l’étudiant peut vous aider à avoir une meilleure idée de sa situation.

Il est possible qu’un étudiant ne présentant qu’un des signes de détresse passe simplement une mauvaise période. Toutefois, un signe quelconque de risque pour la sécurité (p. ex., un étudiant écrit un message exprimant le désespoir et des pensées suicidaires) ou un regroupement de signes plus bénins (p. ex., débordements émotionnels, absences répétées et coupures visibles au bras) indiquent qu’il est nécessaire de prendre des dispositions pour soutenir l’étudiant. Cependant, il est important de reconnaître que, si ces indices peuvent être le signe de difficultés, chaque indice pourrait aussi signifier autre chose. La détresse se manifeste différemment selon les personnes, donc ces indices ne constituent pas une liste de vérification. S’efforcer de comprendre et de percevoir l’étudiant comme une personne à part entière sera utile pour déterminer s’il faut intervenir et la manière de le faire.

Indicateurs scolaires de détresse

Indicateurs scolaires de détresse

  • Absences répétées
  • Retard dans les travaux, absence aux examens ou aux rendez-vous
  • Détérioration dans la qualité des travaux ou dans leur quantité
  • Extrême désorganisation ou comportement incohérent
  • Expression écrite ou artistique de violence, de morbidité, d’isolement social, de désespoir ou de confusion peu communs; essais ou articles se focalisant sur le suicide ou la mort
  • Demandes continuelles de dispositions spéciales (délais pour les travaux, examens de rattrapage) en dehors des adaptations scolaires obtenues officiellement
  • Attitude perfectionniste (p.ex., ne peut se permettre de ne pas obtenir A+)
  • Réactions excessives ou disproportionnées aux notes ou aux autres évaluations

Indicateurs physiques de détresse

  • Détérioration dans l’apparence physique ou dans l’hygiène personnelle
  • Fatigue excessive, épuisement; le fait de s’endormir en classe à maintes reprises
  • Propos soulignant des changements dans l’appétit
  • Propos soulignant des changements dans le sommeil
  • Coupures, ecchymoses ou brûlures apparentes
  • Maladies fréquentes ou chroniques
  • Élocution désorganisée, langage rapide ou inarticulé, ou confusion
  • Incapacité inhabituelle à établir un contact visuel
  • Arrivée en classe les yeux bouffis ou sentant l’alcool

Indicateurs comportementaux ou émotionnels

  • Propos directs faisant état de détresse, de problèmes familiaux ou d’une perte
  • Difficulté à contrôler ses émotions
  • Manifestations de colère ou déferlement d’hostilité, cris ou propos agressifs
  • Plus replié sur soi ou moins animé qu’à l’ordinaire
  • Propos exprimant le désespoir ou un sentiment de nullité; le fait de pleurer ou avoir tendance à pleurer constamment
  • Manifestation d’anxiété ou irritabilité profondes
  • Comportement excessivement exigeant ou dépendant
  • Faible réponse aux tentatives dialogue du personnel enseignant
  • Chancellement, tremblements, le fait de remuer ou faire les cent pas

Indicateurs de risque pour la sécurité

  • Déclarations écrites ou orales mentionnant le désespoir, le suicide ou la mort
  • Désespoir, sentiment d’impuissance, dépression, isolement et repli sur soi
  • Déclarations selon lesquelles l’étudiant-e «s’en va pour longtemps»
  • Expression écrite ou orale du désir de blesser ou de tuer quelqu’un d’autre

Si un étudiant ou une étudiante présente l’un des indicateurs de risque de sécurité mentionnés ci-dessus, il peut être un danger immédiat pour lui-même. Dans ces cas, vous devriez contacter des ressources professionnelles sur votre campus (telles que des services de counselling, de santé et d’urgence) et demander de l’aide.

Indicateurs d’une urgence

  • L’étudiant se comporte de manière agressive physiquement ou verbalement envers lui-même, les autres, les biens ou les animaux
  • L’étudiant ne réagit pas à l’environnement externe. Par exemple :
    • Il est incohérent ou s’est évanoui
    • Il présente de graves troubles du fonctionnement cognitif, comportemental ou émotif
    • Il manifeste un comportement perturbateur qui semble hors de contrôle
  • La situation vous semble menaçante ou dangereuse.

Dans des situations telles ou similaires, appelez les services de sécurité du campus ou la police locale et demandez immédiatement de l’aide.

Autres facteurs

  • Expression d’inquiétude de la part de pairs, d’assistants à l’enseignement ou de collègues concernant un étudiant
  • Intuition ou impression que quelque chose ne va pas

Étudiants qui s’expriment verbalement de manière agressive et potentiellement violente

Lorsqu’un étudiant a une difficulté frustrante qui semble insurmontable, il peut exprimer de la colère envers autrui. Qui plus est, l’accès aux drogues et à l’alcool peut augmenter chez certains étudiants la propension aux comportements agressifs. Certaines situations sociales peuvent aussi susciter des réactions agressives. Dans certains cas, l’agression peut aussi être un signe de l’apparition de problèmes de santé mentale. Il est intéressant de souligner que — en dépit des tragédies retentissantes connues récemment — les étudiants usent rarement de violence.

On ne peut prédire la violence, mais certains indicateurs observables indiquent qu’une personne peut présenter le danger de devenir violente. Par exemple, la difficulté à contrôler ses émotions ou son comportement, ou encore à contrôler des impulsions agressives. Puisque les éducateurs ne connaissent pas toujours les circonstances de vie, antérieures et actuelles, d’un étudiant en particulier, il est important qu’ils connaissent les « comportements suspects » afin d’intervenir de manière appropriée.

Des perceptions fautives concernant la relation entre problèmes de santé mentale et violence contribuent considérablement à la stigmatisation, la discrimination et l’exclusion sociale. Les études révèlent que les gens atteints de troubles de santé mentale n’ont pas plus tendance que la population en général à adopter un comportement violent (septembre 2011).

Les gens atteints de troubles de santé mentale peuvent subir stigmatisation, discrimination et exclusion sociale, toutes attitudes qui ont des répercussions considérables sur leur vie. Les perceptions fautives quant à la relation entre problèmes de santé mentale et violence entraînent grandement ces expériences. Les études démontrent que les gens atteints de troubles de santé mentale n’ont pas plus tendance que la population en général à adopter un comportement violent. Cependant, les perceptions du public, souvent influencées par les médias, alimentent des attitudes qui ont des répercussions considérables sur la vie des personnes atteintes de troubles de santé mentale.

Peu de recherches traitent de la victimisation des personnes aux prises avec des problèmes de santé mentale. Parmi elles, une sur quatre est susceptible d’être victime de violence au cours d’une année donnée. Les personnes aux prises avec des problèmes de santé mentale se retrouvent souvent dans une situation de gêne socio-économique, comme chômage, pauvreté, manque de soutien social ou encore logement inadéquat ou itinérance. Ces facteurs augmentent les probabilités de victimisation. Le stress et le traumatisme vécus par la personne subissant la victimisation peuvent accroître son sentiment de vulnérabilité et d’anxiété, ce qui peut exacerber les symptômes de troubles de santé mentale, augmenter les probabilités de son itinérance et diminuer sa qualité de vie.

Une récente victimisation constitue un facteur de risque de comportement violent chez la population en général, tout comme chez les personnes aux prises avec des problèmes de santé mentale. En un cercle vicieux, la victimisation, les antécédents criminels et les symptômes psychiatriques aigus viennent à leur tour augmenter le risque d’une victimisation accrue. Alors, lorsqu’on examine la recherche sur l’importance de la violence chez les personnes aux prises avec des problèmes de santé mentale, il est important de considérer aussi les taux de victimisation subie par ces groupes vulnérables.

Ce que vous pouvez faire :

  • Si vous craignez qu’un étudiant soit violent, ne prenez pas rendez-vous avec lui avant d’avoir consulté les dirigeants des services de sécurité du campus afin de déterminer si c’est une démarche appropriée.
  • Si un étudiant semble se mettre en colère au cours d’une rencontre, proposez-lui de reporter cette rencontre avec vous pour qu’il prenne le temps de penser à sa réaction.
  • Restez calme et établissez des limites en expliquant clairement et directement quels comportements sont acceptables. Par exemple, vous pouvez dire : « Vous avez certainement le droit d’être en colère, mais il est inacceptable de tenir des propos injurieux ».
  • Évitez de rencontrer un étudiant seul à seul ou dans un bureau privé en faisant appel à l’aide d’un collègue.
  • Si vous jugez approprié de poursuivre une rencontre avec un étudiant en détresse, demeurez dans une zone ouverte offrant une voie de fuite visible. Demeurez aussi à une distance sécuritaire, asseyez-vous plus près de la porte et ayez un téléphone à portée de main pour pouvoir appeler à l’aide.
  • Évaluez votre niveau de sécurité et écoutez votre intuition. Appelez les services de sécurité du campus ou la police locale si vous sentez que l’étudiant pourrait se blesser lui-même, ou blesser quelqu’un d’autre ou vous-même.
Plan d’action : reconnaître, intervenir et aiguiller