L’« alimentation désordonnée », parfois appelée alimentation chaotique, est courante dans notre culture. Ces troubles vont de légers à extrêmes. Du côté des plus légers, on retrouve des modes d’alimentation irréguliers, comme sauter des repas, avoir une alimentation à effet yoyo. Cependant, du côté extrême on retrouve des troubles de l’alimentation médicalement répertoriés pouvant éventuellement mettre la vie en danger.
Les troubles de l’alimentation sont nuisibles tant pour la santé physique que mentale. Ils peuvent perturber la vie familiale, l’amitié et la vie quotidienne. Les troubles de l’alimentation ne disparaissent presque jamais sans aide professionnelle. Plus l’aide est obtenue tôt, plus le rétablissement sera facile.
Si des pensées concernant les aliments, l’alimentation et l’image corporelle commencent à vous préoccuper, il est temps de rechercher de l’aide. Le plus tôt sera le mieux.
Facteurs de risque
Les troubles de l’alimentation sont des problèmes de santé complexes qu’on peut développer en bas âge. Il existe quatre types de troubles de l’alimentation médicalement répertoriés : anorexie mentale, boulimie nerveuse, compulsion alimentaire et autre trouble spécifié de l’alimentation et des conduites alimentaires (ATSACA)
- De 1 % à 2 % des adolescents et des jeunes adultes souffrent d’un trouble de l’alimentation.
- La plupart sont du sexe féminin.
- L’anorexie commence habituellement à la puberté, alors que la boulimie a plutôt tendance à se développer quelques années plus tard.
- Les troubles de l’alimentation se développent graduellement, souvent à partir de régimes alimentaires cycliques.
Il n’existe pas de cause unique des troubles de l’alimentation, mais certaines personnes sont plus susceptibles que d’autres d’en être atteintes. Voici certains facteurs de risque liés à la personne :
- Faible estime de soi
- Sentiment général d’impuissance ou de manque de contrôle sur sa vie
- Perfectionnisme
- Relations familiales difficiles
- Antécédents de violence ou de traumatisme.
Les troubles de l’alimentation sont plutôt une question de contrôle et d’estime de soi que d’aliments. La capacité à contrôler sa consommation d’aliments et le corps lui-même deviennent étroitement reliés à l’estime de soi.
Les troubles de l’alimentation peuvent dissimuler d’autres problèmes. Au départ, ils peuvent être un moyen de composer avec des problèmes personnels, mais à la longue ils créent plus de problèmes qu’ils n’en règlent. Il arrive souvent que les personnes souffrant de troubles de l’alimentation soient atteintes d’autres problèmes de santé mentale tels que dépression, anxiété ou toxicomanie.
Les gens atteints de troubles de l’alimentation sont rarement conscients d’avoir un problème, ce qui constitue un obstacle à obtenir l’aide dont ils ont besoin. En même temps, ces personnes peuvent ressentir de la honte et de la culpabilité et s’efforcer de cacher leurs comportements alimentaires. Ainsi, il peut être difficile pour les amis et les êtres chers de constater qu’il y a un problème.
Les troubles de l’alimentation sont dangereux et ne se guérissent pas d’eux-mêmes.
Types de troubles de l’alimentation
Anorexie mentale
L’anorexie mentale commence habituellement à la puberté, et 90 % à 95 % des personnes touchées sont du sexe féminin. Au cours des 10 années suivant son apparition, 10 % des personnes souffrant d’anorexie mourront de la maladie et de ses complications, y compris par suicide.
L’anorexie va jusqu’à l’auto-privation alimentaire et comprend ce qui suit :
- besoin d’être très maigre accompagné de la crainte de grossir
- préoccupation concernant le poids et l’image corporelle
- image corporelle faussée; impression d’être obèse, peu importe la maigreur
- obsession visant les aliments
- faible estime de soi et sentiment de valeur personnelle étroitement liés à l’image corporelle.
Quelques signes extérieurs possibles :
- consommation très restreinte de nourriture, parfois jusqu’à l’inanition
- limitation des types d’aliments consommés, se restreignant de plus en plus
- abus d’exercice physique, de plus en plus de temps passé à l’entraînement
- usage de pilules amaigrissantes et de laxatifs
- dénie de la faim
- perte de poids évidente et continue ne pouvant raisonnablement s’expliquer
- commentaires fréquents concernant l’impression d’être grosse ou obèse
- évitement des situations entourant la nourriture, telles que repas et activités sociales
À mesure que le trouble progresse, les répercussions sur la santé peuvent être :
- rythme cardiaque ralenti et basse pression sanguine
- léthargie, faiblesse musculaire, risque d’évanouissement
- signes d’inanition tels que perte des cheveux, absence de règles, modifications cutanées, jaunissement des paumes et de la plante des pieds
- apparition de duvet sur tout le corps pour en conserver la chaleur
- réduction de la densité osseuse
- irritabilité, dépression, difficulté à se concentrer
- risque accru d’insuffisance cardiaque [BT1] .
Boulimie nerveuse
Chez une personne souffrant d’anorexie, le contrôle du poids est draconien, limitant la quantité de nourriture ingérée. Une personne atteinte de boulimie nerveuse mange, mais pratique ensuite une purge. Plus fréquente que l’anorexie, la boulimie peut comporter ce qui suit :
- cycle continu de compulsions alimentaires incontrôlables suivies de purge – c’est-à-dire, éjecter la nourriture du corps – visant à effacer les effets de la compulsion
- vomissements provoqués et abus de laxatifs, diurétiques et pilules amaigrissantes
- abus d’exercice physique, de jeûnes et de régimes amaigrissants
- extrême préoccupation concernant le poids, bien que le poids puisse demeurer normal ou subir l’effet haut et bas du yoyo
- estime de soi liée à l’image corporelle.
Quelques signes possibles de boulimie :
- exercice physique obsessionnel
- conséquences physiques des vomissements fréquents telles que joues et mâchoire enflées, dents décolorées ou peau durcie ou épaissie sur le dos des mains
- indice des purges telles que visites fréquentes des toilettes après les repas, emballages de laxatifs ou de diurétiques parmi les déchets ou signes de vomissements (odeur, traces) ou diarrhée
- manque d’énergie
- disparition rapide des provisions de nourriture ou emballages vides de nombreux produits de collation
- vérifications fréquentes du poids
- réduction des activités normales, y compris retrait des activités sociales, à mesure que l’intérêt pour les occupations liées à la boulimie s’intensifie et mobilisent l’intérêt.
Répercussions possibles de la boulimie sur la santé :
- troubles intestinaux, constipation
- inflammation de l’œsophage, ruptures possibles
- carie et taches dentaires
- trouble cardiaque
- déséquilibre électrolytique[BT2]
Le fait qu’une personne souffrant de boulimie puisse avoir un poids « normal » peut l’aider à cacher son trouble aux autres. Cependant, tout comme l’anorexie, la boulimie est un problème de santé très grave exigeant une aide professionnelle.
Trouble d’hyperphagie boulimique
L’hyperphagie boulimique comprend ce qui suit :
- épisodes fréquents d’excès alimentaires, souvent en secret, souvent de malbouffe
- sentiment de perte de contrôle durant l’excès
- sentiments de culpabilité, de honte et de dégoût liés à l’hyperpĥagie.
Ce trouble ne suppose pas les purges observées dans la boulimie, mais peut comporter des cycles de régimes amaigrissants et de jeûnes. Quelques signes extérieurs possibles :
- gain de poids
- repas en solitaire.
Répercussions possibles de l’hyperphagie sur la santé :
- diabète
- pression sanguine élevée
- douleur et fatigue articulaire (dues au surpoids à porter)
- dépression
- maladie du cœur
Autre trouble spécifié de l’alimentation et des conduites alimentaires (ATSACA)
Certains troubles alimentaires qui causent aussi beaucoup de détresse ne correspondent pas exactement aux trois principaux types de troubles de l’alimentation. ATSACA est le diagnostic rendu dans ce cas.
De quel traitement dispose-t-on?
Les troubles de l’alimentation sont compliqués. Le traitement exigera l’aide combinée d’experts en médecine, psychologie et nutrition, ainsi que celle de la famille. Les objectifs fondamentaux du traitement sont de rétablir la santé, d’atteindre et de maintenir un poids santé, d’adopter des habitudes alimentaires normales et de se sentir mieux sur le plan psychologique et physique.
Le traitement peut comprendre ce qui suit :
- consultations individuelles ou en groupe[BT3]
- thérapie fondée sur la famille (FBT)
- médicaments, parfois
- hospitalisation, si nécessaire.