Reconnaître, Intervenir, Aiguiller

Reconnaître – signes d’alerte

La connaissance des facteurs associés à un risque accru de suicide peut aider à repérer les étudiants vulnérables. Pour les membres du personnel ou du corps professoral, il est important de se familiariser avec les signes d’alerte pouvant indiquer qu’un étudiant est en détresse. Les signes de détresse sont à rechercher dans le comportement de l’étudiant, ses émotions, ce qu’il communique et sa manière de communiquer.

Signes de détresse courants1http://www.togethertolive.ca/risk-management:

  • adopter un comportement téméraire ou risqué
  • augmenter son usage de drogues ou d’alcool
  • parler, écrire, ou publier sur les médias sociaux des idées sur la mort, l’agonie ou le suicide
  • menacer de se blesser ou de se suicider
  • exprimer des sentiments de nullité, d’impuissance, dire que la vie ne vaut pas la peine d’être vécue, ou se sentir un poids pour autrui
  • s’isoler des amis, et se retirer des activités et de l’école
  • manifester des changements dans l’humeur, y compris par colère et agitation
  • négliger son apparence (p.ex., ne pas se laver, paraître débraillé, les vêtements sales)
  • donner ses biens
  • dire adieu aux êtres chers

Intervenir – signes de détresse

Il est important de prendre au sérieux tous ces signes d’alerte. Agissez immédiatement, trouvez un lieu retiré afin de faire savoir à l’étudiant que vous êtes préoccupé et de lui expliquer pourquoi. Prenez le temps d’établir de bons rapports avec l’étudiant, de décrire précisément ce que vous avez remarqué et de lui demander directement s’il songe au suicide. Veillez à rester calme et à garder le contrôle.

Voici quelques manières d’engager la conversation :

« Je suis vraiment inquiet pour vous » (Décrivez ce que vous avez remarqué.) « Est-ce qu’on peut en parler? » (Écoutez.) « Vous semblez avoir beaucoup de choses dans la tête et être accablé. Parfois, lorsqu’on se sent accablé, on en arrive à se débattre pour trouver le moyen de persévérer. Cette situation peut souvent nous amener à penser que le suicide serait la solution. Avez-vous pensé au suicide? À mettre fin à vos jours? »

La ressource suivante, proposée dans la boîte à outils pour lutter contre le suicide chez les jeunes, www.vivonsensemble.ca, offre quelques conseils supplémentaires pour aborder la question du suicide : http://www.togethertolive.ca/sites/default/files/ttl_how_to_talk_about_suicide.pdf

Bien des gens craignent que de poser directement des questions sur le suicide puisse amener la personne à l’envisager. Le fait que, dans le cadre des recherches, l’on demande directement aux gens s’ils ont des pensées suicidaires n’augmente pas le risque de suicide. Au contraire, le fait d’en parler montre que vous souhaitez sérieusement aider la personne et lui donne une occasion de discuter des éventuelles pensées suicidaires et des difficultés de la vie avec lesquelles elle peut se débattre. Engager cette conversation est l’un des plus beaux cadeaux que vous puissiez offrir à une personne qui envisage le suicide.2Preventing suicide: a global imperative is a 2014 report by the World Health Organization

Bien que, à titre de membre du personnel ou du corps professoral, vous ayez souvent l’occasion de constater un risque et d’engager la conversation concernant le suicide, votre rôle dans la gestion des risques de suicide est de jeter un pont vers les ressources appropriées.3http://www.togethertolive.ca/best-practices-risk-management

En tant que membre du personnel ou du corps professoral, vous n’avez pas à intervenir seul face à la détresse d’un étudiant. Si vous êtes incertain ou mal à l’aise quant à la manière d’engager cette conversation, vous pouvez trouver de l’aide. Faites appel aux fournisseurs de soins en santé mentale du campus et expliquez-leur vos préoccupations. Ils peuvent vous aider.

Si un étudiant vous répond « oui », quand vous lui demandez s’il pense au suicide, restez calme et écoutez attentivement pour bien discerner comment l’étudiant se sent. Rappelez-vous que ce n’est pas le moment de juger ou de conseiller. Simplement d’écouter.

Voici quelques questions que vous pouvez songer à poser…

« Je suis désolé que la situation soit difficile pour vous. Il semble que vous viviez une énorme souffrance. Pouvez-vous m’aider à comprendre pourquoi vous songez au suicide en ce moment précis? »

« À quelle fréquence vous arrive-t-il de songer au suicide? Ces pensées font-elles le plus souvent surface à un moment particulier de la journée ou dans certaines situations? »

« Avez-vous pensé à un moyen de mettre fin à vos jours? À un endroit, à un moment? »

Utilisez les techniques de l’écoute active telles que le contact visuel, les hochements de tête et le fait de préciser ce que vous avez compris, de façon à donner confiance à l’étudiant, car il se sentira vraiment écouté. Rappelez-vous : un lien personnel authentique peut se révéler un facteur de protection contre le suicide.

« Alors, si je comprends bien ces pensées ont commencé lorsque votre relation a pris fin. »

« La nuit semble un moment réellement difficile pour vous et l’insomnie altère vraiment votre capacité à vous concentrer sur votre travail scolaire, ce qui met encore plus de pression sur vos épaules. »

Aiguiller – Services de santé mentale offerts sur le campus ou dans la collectivité

En tant que membre du personnel ou du corps professoral, vous n’avez pas à évaluer le risque de suicide. Votre rôle consiste à écouter, soutenir et aiguiller l’étudiant vers une personne qui peut évaluer son risque de suicide et l’aider à assurer sa sécurité. Chaque étudiant étant différent, il sera nécessaire de prendre différentes mesures comme évaluer les éventuels problèmes de santé mentale, aider l’étudiant à faire face aux problèmes qui l’accablent, identifier un réseau de soutien et créer un plan de sécurité personnelle. En tant que membres du personnel ou du corps professoral, vous devez vous familiariser avec les services de santé mentale et d’intervention en cas de crise qui sont offerts sur le campus, et avoir leurs coordonnées et heures d’ouverture à portée de main. Les ressources offertes sur le campus sont décrites sur ce site, dans la section Aiguiller. Vous devez également vérifier si votre campus a une politique de prévention du suicide qui pourrait offrir des directives et des ressources supplémentaires.

Aiguillage d’urgence

Si vous croyez qu’un étudiant a l’intention claire de se suicider, a un plan ou les moyens pour passer à l’acte, est excessivement agité, émotif, non coopératif, ou s’il a déjà fait une tentative de suicide, la situation est urgente. Appelez immédiatement une équipe de gestion de crise, composez le 911 ou XXXX. Le plus important : ne pas laisser l’étudiant seul. La plupart des campus ont des politiques claires à ce sujet. Veuillez prendre le temps de vous familiariser avec ces politiques.

Aiguillage non urgent

Bien que vous puissiez très bien rencontrer un étudiant qui a besoin de services d’urgence immédiate, il est plus fréquent que les étudiants qui pensent au suicide se sentent ambivalents au sujet du suicide, n’aient pas élaboré de plan ou cherché de moyens et se rendent compte qu’ils ont besoin d’aide. Dans ce cas, vous devez aider l’étudiant à passer une évaluation, soit sur le campus ou par le biais d’un autre service de santé mentale. Prenez le temps de discuter des ressources accessibles avec l’étudiant. Rappelez-vous : si vous êtes incertain au sujet de la ressource à offrir, communiquez avec les services de santé mentale ou de gestion de crise du campus pour obtenir de l’assistance. Ils peuvent vous aider! Vous n’êtes pas seul! Une liste des services offerts sur le campus figure dans la section Aiguiller de ce site Web.

Quelques mots sur le consentement

Le consentement à divulguer des renseignements au sujet d’un étudiant doit toujours être pris au sérieux et, chaque fois que c’est possible, il est préférable d’obtenir le consentement direct. Toutefois, si vous croyez qu’un étudiant présente le danger de se blesser ou de blesser d’autres personnes, la divulgation de ces renseignements aux ressources de santé mentale ou au service de police est appropriée.

Au stade de l’intervention, il est important d’écouter. Au stade de l’aiguillage, aidez activement l’étudiant à prendre contact avec un professionnel de la santé mentale pour une évaluation et du soutien. Rassurez l’étudiant et dites-lui que de nombreuses personnes sur le campus peuvent l’aider.

Vous pouvez lui dire…

« Avoir des pensées suicidaires est grave. Je pense que nous devrions contacter une personne qui pourrait vous aider à chasser ces pensées quand votre situation devient difficile. Cette personne pourrait également vous aider à obtenir de l’aide pour surmonter les problèmes dans votre vie qui sont accablants. Qu’en pensez-vous? »

À ce stade de la conversation, un étudiant à risque peut manifester de la résistance. Il peut essayer de vous rassurer que tout ira bien. Il peut également vous dire qu’il ne passerait jamais réellement à l’acte. Quoi qu’il vous dise, votre rôle, en tant que membre du personnel ou du corps professoral, est de mettre cet étudiant en contact avec des professionnels qui peuvent évaluer son niveau de risque et veiller à ce qu’il reçoive le soutien dont il a besoin.

« Je sais que vous dites que vous vous sentez bien en ce moment, que vous ne feriez rien qui puisse vous faire du mal. Cependant, le fait d’avoir des pensées suicidaires met votre vie en danger et votre état peut changer souvent et de manière inattendue. Je veux que vous soyez préparé dans l’éventualité où cela se produirait. Une personne de soutien sur le campus peut vous aider en ce sens et vous aider à préparer un plan pour votre sécurité. »

Si l’étudiant continue de résister à l’aide offerte. Vous devez alors exprimer clairement vos préoccupations et insister pour faire appel à d’autres intervenants qui offriront un soutien supplémentaire. Il est important que vous vous familiarisiez avec les politiques et procédures de votre campus sur le suicide. Si votre campus ne dispose pas d’une telle politique, faites un suivi auprès d’un centre de mieux-être et de consultation psychologique, car vous y obtiendrez des conseils sur la marche à suivre.

Voici quelques points à garder à l’esprit :

  • Déterminez ensemble les ressources offertes sur le campus qui seront les plus efficaces pour l’étudiant. Accompagnez l’étudiant ou communiquez directement avec les ressources appropriées pour vous assurer que l’étudiant a bien été mis en contact avec ces ressources.
  • Demandez à l’étudiant s’il souhaite qu’une autre personne de soutien l’accompagne.
  • Expliquez chaque étape à l’étudiant; informez-le des personnes que vous pourriez contacter et des renseignements que vous communiquerez. L’objectif est que tout le processus se déroule sans surprises pour l’étudiant.
  • Discutez avec l’étudiant des renseignements précis que vous allez communiquer et à qui vous les communiquerez.

Voici un exemple de ce que pourrait être la conversation…

« Alors, il y a quelques services sur le campus avec lesquels nous pouvons vous mettre en contact. Je pourrais appeler l’équipe de gestion de crise ou nous pourrions nous rendre ensemble au service de santé du campus. Y a-t-il des personnes avec lesquelles vous aimeriez que je communique maintenant? Vos parents? Votre partenaire? Je dois appeler mon supérieur pour l’informer que je soutiens un étudiant en détresse. Je ne communiquerai aucun détail de ce dont nous avons parlé, juste votre nom et que vous êtes en détresse et que je vous accompagne pour obtenir de l’aide. D’accord? »

Maintenant que le processus d’aiguillage est terminé, voici quelques autres points à garder à l’esprit :

  • Vous devriez peut-être dire à l’étudiant si vous serez disponible pour l’écouter et à quel moment, le cas échéant.
  • Il est stressant d’aider une personne qui a des pensées suicidaires, et il est normal de ressentir toute une gamme de sentiments par la suite. Rappelez-vous : lorsque l’on offre ce type de soutien, on aide une personne à assurer sa propre survie. Vous n’êtes pas responsables de sa vie.
  • Prenez le temps de vous occuper de vous-même dans les jours qui suivent. Considérez les approches de soins autonomes qui vous conviennent.
  • Vous pouvez aussi parler de cette expérience à un professionnel de la santé mentale pour être en mesure de l’assimiler de manière appropriée.

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